DDSV de la Savoie
Att Monsieur le Directeur
321 chemin des Moulins
BP 1113
73011 CHAMBERY Cedex
Le 24 février 2010
Monsieur,
Nous vous adressons ce courrier pour revenir vers vous, concernant un vaccin équin contre la fièvre charbonneuse. Nous vous rappelons tout d’abord les faits qui ont eu raison de notre jument et qui ont mis en péril d’autres vies équines, voire humaines. Puis nous souhaiterions avoir des réponses à quelques interrogations aujourd’hui toujours en suspens.
Le 27 juillet 2009, notre jument pleine, Fanny du Revit s’écroule dans son pré, terrassée par la fièvre charbonneuse, le vétérinaire et nous-mêmes, présents lors de son dernier souffle, ne savons pas que c’est cette maladie qui l’a tuée, que nous en avons inhalé des spores et que notre deuxième cheval est atteint. Des vaches d’un pré voisin ont succombé à la maladie du charbon quelques jours auparavant, voilà l’information délivrée par l’équarrisseur au moment de l’enlèvement de Fanny… Nous n’étions pas informés, notre vétérinaire équin non plus et il ne savait pas que cette maladie était transmissible au cheval. C’est grâce à la rapidité du laboratoire départemental, à notre connaissance du réseau des propriétaires équins du secteur et aux conseils du technicien qui est venu chercher les prélèvements de sang de la jument nous avons pu sauver d’autres équidés. (même si l’on déplore le décès d’un autre cheval dans un pré voisin). Nous avons également pu, en tant qu’humains, prendre un traitement antibiotique contre l’anthrax. La multiplication des cas de vaches mortes du charbon a amené une campagne de vaccination bovine, ovine et caprine. Malheureusement nous ne pouvons bénéficier de cette protection pour nos équidés par manque de recul face aux effets secondaires possibles.
Par la suite, nous avons contacté des vétérinaires d’autres pays par le biais de l’OIE (Etats-Unis, Canada, Italie) pour connaître leur avis sur la question. Il s’avère que dans ces pays (dont un est un voisin proche…) il est reconnu que la fièvre charbonneuse atteint également les équidés et qu’ils sont vaccinés comme tout autre bétail sans effets secondaires graves. (Nous vous communiquerons les coordonnées des spécialistes interrogés et nos échanges de courriers si vous le souhaitez. ) Nous en venons donc à nous interroger sur le fonctionnement de la veille vétérinaire française.
En effet, nous avons pâti du manque de communication flagrant entre les instances compétentes du secteur ainsi que de la méconnaissance des effets de la fièvre charbonneuse sur les équidés. Nous, ainsi que les propriétaires de chevaux voisins (que nous avons dû avertir nous-mêmes du risque encouru alors que nous étions en gestion de crise) avons eu le sentiment de nous retrouver face à un désengagement total des institutions vétérinaires à notre égard. Ces dernières ne nous ont, non seulement pas informés des risques en temps voulus et, de plus, nous refusent le vaccin.
Il convient tout de même de signaler qu’un fichier national des propriétaires de chevaux et d’ânes existe aux Haras Nationaux puisque chaque équidé est obligatoirement pucé et identifié et que chaque transaction est enregistrée par les services de l’Etat. Cette liste est d’autre part, gratuitement consultable sur internet et il est fort probable que, si les services vétérinaires locaux en demandent une extraction, ils pourront l’obtenir facilement. Il semble qu’un rôle de veille, suite aux différents épisodes savoyards, sur des foyers connus et identifiés pourrait être envisagé par les pouvoirs publics. Nous parlons tout de même de l’anthrax…
Concernant la gestion de crise en Savoie lors de l’épisode de fièvre charbonneuse, la réunion publique du 4 août n’a fait que confirmer que les instances professionnelles censées gérer l’épidémie animale sont mal préparées et semblent peu sensibilisées aux mutations sociales récentes en matière d’activités, notamment la forte expansion du cheval de loisirs… Fin août nous avons reçu un arrêté préfectoral qui place notre lieu de résidence sous surveillance en raison d’un cas suspecté de charbon. Cet arrêté est daté du 28 juillet, soit le lendemain de la mort de la jument, alors que le 28 juillet personne ne soupçonnait le charbon chez les chevaux (les services ne l’ont su que 5 jours après). Pourquoi antidater un document si ce n’est pour couvrir des errements ?
Nous revenons donc vers vous pour que de tels dysfonctionnements évitent de se reproduire et surtout nous aimerions que vous usiez de votre compétence pour que le vaccin contre la fièvre charbonneuse soit applicable aux chevaux. Des pays comme l’Italie utilisent déjà ce vaccin depuis des années sans effets secondaires notoires.
Dans l’attente d’une rencontre et de réponses, je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Copie : OIE, FVI (ministère de l’Agriculture et de la Pêche), DGS (ministère de la Santé et du Sport), DDASS Savoie
Sujet: courrier envoyé à la DDSV 73 le 25/02/2010 
Jeu 4 Mar - 11:43
